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Pourquoi éviter les cahiers à colorier, les stencils et les modèles à reproduire?

Pourquoi éviter les cahiers à colorier, les stencils et les modèles à reproduire?

L’enfant possède au plus profond de lui-même un instinct créateur nourri par sa sensibilité au monde qui l’entoure. Par lui-même, il franchit des étapes dans son évolution graphique naturelle*. L’enfant n’a donc pas besoin de se référer à un
modèle.

De plus, souvent l’adulte est porté à intervenir d’une manière qui devance l’étape du stade graphique où l’enfant est rendu dans son développement… Comme si on proposait à un nourrisson de se promener à vélo!

À chaque main… son dessin !

 

Dans les 2 cas, le développement de sa propre créativité en souffre. Et son instinct créateur est étouffé !

  • Elle peut décourager l’enfant qui se compare au modèle proposé et perçoit son inaptitude et son incapacité à réaliser des images qui ne respectent pas son stade graphique. Cet enfant dira par la suite « Je ne suis pas capable! » ou encore « Fais-le pour moi! »
  • L’enfant peut aussi prendre plaisir à « imaginer » qu’il est capable de réaliser plus que ce qu’il accomplit réellement. C’est un contentement trompeur.

 

Changer nos pratiques ? Pourquoi ?

Proposer à l’enfant des cahiers à colorier, des stencils ou des modèles fait partie des interventions à éviter. Pourquoi? Parce qu’ils empêchent l’enfant d’exprimer sa propre vision du monde, sa spontanéité, son imagination. Ils devancent l’étape du stade graphique où l’enfant se situe et ne lui permettent pas de s’appuyer sur les acquis qu’il a développés par l’expérience avec les différents matériaux. La capacité d’invention de l’enfant n’est pas soutenue ni son indépendance d’esprit. Sa sensibilité est faussée. Le conformisme est encouragé, au détriment de la créativité, en suggérant des formes déjà définies.

 

Les représentations du monde soumises à l’enfant sont stéréotypées : que ce soit le sapin, la maison, la citrouille, la fleur, etc. L’enfant devient un exécutant servile au lieu de donner ses idées, d’exprimer sa spontanéité, de traduire sa pensée, de faire ses propres expériences qui l’aident à progresser d’un stade graphique à l’autre par lui-même. L’habileté motrice à ne pas dépasser la ligne s’acquiert avec la pratique et peut très bien se développer à partir des formes que l’enfant crée lui-même.

Que retenir ?

L’adulte devrait se donner comme mission de soutenir la créativité des enfants et de ne pas leur retirer ce don en les laissant expérimenter les mouvements qui créent finalement des formes. Au début, ce sont des gestes désordonnés qui deviennent de plus en plus maîtrisés au fil du temps et de la maturation. Quand on respecte le stade graphique de l’enfant, celui-ci s’exprime de manière créative, originale et unique.

 

Par Jocelyne Petit, auteure, professeure en Techniques d’éducation à l’enfance retraitée, et consultante en petite enfance.

Références :
Michèle Lacasse et Céline L. Martel, Cahier de notes de cours : Les attitudes, les approches pédagogiques et les formes d’intervention favorisant le développement de la créativité chez l’enfant. Cours Expression plastique, Cégep de Ste-Foy, 322-321 — SF, 2016.
Ghislaine Grand, Plaisirs et découvertes, Éditions Modulo, Montréal, 2011.

Autre ressource pertinente : Pourquoi respecter le stade graphique de l’enfant ?

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